Leader de la communauté juive réformée de Montréal
Engagée, convaincante et inspirante, une véritable leader montréalaise, Lisa possède une vision et des valeurs qui peuvent inspirer nos communautés. Elle nous parle de bienveillance, de partage, d’empathie et d’ouverture envers les minorités. Avec éloquence, Lisa est porteuse des enseignements du vivre-ensemble.
Née à Ottawa en 1974, elle a grandi dans une famille juive conservatrice et a passé son enfance et adolescence à Toronto. Elle a été soutenue par ses parents, un père ingénieur et une mère consultante, qui lui ont appris que les filles peuvent atteindre leurs rêves, sur le même pied d’égalité que les garçons. La curiosité intellectuelle de la jeune femme l’a mené au baccalauréat en sciences politiques à l’Université McGill. Elle a ensuite complété une maîtrise et un doctorat à l’Université Oxford (Angleterre) dans les disciplines des religions, spécifiquement sur le judaïsme et le christianisme. Avant l’obtention de son doctorat (D. Phil.) en 2003, elle a oeuvré à partir de 1999 en tant qu’assistante rabbin dans une synagogue réformée à Manhattan, New York, jusqu’en 2012, où elle s’est établie à Montréal. Cette femme lesbienne reconnaît d’ailleurs que son choix de servir Dieu était mieux soutenu par la philosophie et les orientations libérales ou progressistes du mouvement juif réformé. Rabbin sénior du Temple Emanu-El-Beth Sholom depuis 2012, mère de trois enfants âgés de 2, 12 et 18 ans et leader spirituelle de la communauté juive réformée de Westmount et de Montréal, elle a brisé le plafond de verre! Dans la réalisation de sa mission, avec son rôle d’enseignante des valeurs du judaïsme, elle est fière de dire qu’elle a touché des gens de tout horizon: des jeunes, des représentants de groupes LGBTQ, des personnes seules… « Dans leurs engagements, les juifs doivent être ouverts sur le monde qui nous entoure… Ils doivent servir leur pays. » Elle reconnaît l’apport de leaders inspirants tels que la femme rabbin Elyse Goldstein (Toronto), la Dre. Karen Mock du mouvement des droits humains, Irwin Cotler O.C., avocat, élu, activiste des droits humains et le Dr. Victor Goldbloom O.C., médecin et politicien (1923 – 2016). Il a voué sa vie à bâtir des ponts entre les citoyens francophones et anglophones, ainsi qu’entre les juifs et les chrétiens. Tout comme ce leader, elle croit fermement que le respect et le dialogue entre les gens de différentes identités culturelles et croyances sont des caractéristiques de la diversité et de la force du Canada. Ceci l’a amené à un dialogue avec les leaders de la communauté musulmane de Montréal pour aider les réfugiés syriens. C’est plus précisément l’expérience des réfugiés juifs de l’Holocauste qui l’inspire, elle et sa communauté, à accueillir de nouveaux immigrants. Elle rappelle par ailleurs que la communauté montréalaise d’aujourd’hui possède le plus grand nombre de survivants du génocide juif du XXe siècle.
Ayant un horaire très chargé, trois enfants à sa charge et des courriels incessants, elle nous dit : « Mon travail n’est pas de vous dire quoi faire ou quoi penser, mais plutôt d’enseigner, éduquer, soutenir et convaincre. » Ses convictions et son dévouement envers une multitude de bonnes œuvres sont basés sur des valeurs telles que l’équité, l’ouverture, l’inclusion, la justice sociale, la compassion, la sagesse et la bienveillance citoyenne.
La citation qui suit accompagne bien le quotidien de la leader montréalaise : « Réconforte les gens troublés et dérange les confortables ». « Ceci me pousse à faire grandir notre communauté, » dit-elle. « Dans notre société riche, il est facile de reconnaître qu’on ignore les gens vulnérables, âgés, pauvres, désavantagés ou les groupes marginalisés, souvent appelés minorités. En tant que rabbin, elle dit « j’ai la responsabilité de transférer les valeurs universelles du judaïsme aux générations futures. Ma responsabilité sociale est aussi de devenir une bonne ancêtre pour les gens qui me suivront », en référence aux mots de l’auteur américain Ijeoma Oluo, un pilier de l’antiracisme.
Au Canada, la justice ne peut être envisagée sans des actions concrètes de réconciliation envers les peuples autochtones qui ont été traités durement depuis des décennies. De plus, « bien que les lois et politiques ont encadré la relation de l’État avec les minorités, malheureusement l’antisémitisme est toujours bien vivant au Canada. Les membres des communautés juives sont encore marginalisés et maltraités. Il n’est pas facile aujourd’hui pour les jeunes d’affirmer leur identité juive. » Dans notre société démocratique, le respect pour les droits des minorités et le respect pour les gens des groupes minoritaires sont encore d’énormes défis, dit-elle. « C’est vrai pour les gais et lesbiennes, pour les peuples autochtones, pour plusieurs groupes d’immigrants… Ce n’est pas seulement l’affaire des gouvernements, mais aussi de tous les citoyens. » La leader qui souhaite ardemment parfaire la maîtrise du français souligne l’importance de reconnaître l’unicité du Québec, sa langue et sa culture. « À l’intérieur de notre nation, les enfants devraient être bilingues ». Ayant vécu à l’étranger durant plusieurs décennies, elle rêve de découvrir son pays en traversant les régions de la côte est à la côte ouest, en passant par le Nunavut. La découverte des régions par la radio CBC est aussi stimulante dit-elle!
En s’adressant aux jeunes, elle professe quatre enseignements : « Entrez en relation avec des gens différents de vous ; Allez vivre dans une région autre que celle de vos origines ; Soyez curieux et lisez autant que vous pouvez ; Impliquez-vous dans votre communauté ». Une expression résume la croisade de Lisa, ses engagements et ses convictions : « Essayez de changer les choses ».