Connu de tous les jeunes de la communauté atikamekw de Wemotaci, il est le directeur de l’École secondaire Nikanik. Pascal Sasseville Quoquochi, originaire de la région du Lac-Saint-Jean, est né en 1972 d’une mère québécoise et d’un père atikamekw, Arthur Quoquochi, qu’il a peu connu à l’époque. Ce dernier fut l’un des seuls autochtones à jouer dans les ligues professionnelles de hockey - repêché par les Bruins de Boston en 1969 après avoir évolué avec le Canadien junior de Montréal.
Pascal vit une période très difficile à l’adolescence. Heureusement, la musique l’amène à découvrir une force en lui. Ses études musicales au CÉGEP de Sainte-Foy et à l’Université Laval donnent un sens à sa vie. Pendant ces années, il a l’occasion de revoir son père, de rencontrer sa grande famille Quoquochi et de découvrir le territoire de ses ancêtres. Cela lui permet de renouer avec ses origines autochtones. C’est dans ses racines qu’il puise son inspiration et sa motivation tout au long de sa formation universitaire en composition musicale (guitare classique) et en enseignement. À l’époque, deux de ses compositions ont d’ailleurs remporté des premiers prix, dont l’un en Écosse dans le cadre d’une compétition internationale.
En 1999, il devient professeur de musique à l’École secondaire Nikanik à Wemotaci, tout en poursuivant une prolifique carrière de compositeur. Plusieurs artistes interprètent ses œuvres musicales éditées aux Productions d’Oz. En 2007, il crée Chaman, une pièce orchestrale pour 12 guitares et contrebasse endisquée par le groupe Forestare, autre pièce importante de son catalogue. Chaman apparaît sur l’album de l’année « meilleur album instrumental 2007 » à l’Association québécoise de l'industrie du disque, du spectacle et de la vidéo (ADISQ).
« En 2013, ma nomination à titre de directeur d’école a changé ma vie », dit-il. « Pour la première fois, je devenais responsable d’une très grande famille. Je devais m’assurer que tous bénéficient de conditions leur permettant de réussir et d’atteindre leur plein potentiel dans un climat favorable aux apprentissages. J’étais conscient que chacun de mes gestes aurait une incidence sur la vie de ces jeunes et le devenir de la Nation ». C’est aussi avec fierté que le directeur d’école relate les histoires de réussite des élèves de Wemotaci - il nomme Miguel Coocoo-Chachai, jeune leader reconnu dans toute la Nation Atikamekw, militant en faveur de la cause des femmes victimes de violence, adepte de la course à pied et étudiant en droit à l’Université de Sherbrooke.
Le grand défi du directeur d’école est d’encourager la persévérance scolaire dans un milieu de vie où l’on rencontre des problèmes psychosociaux, des dépendances et de la pauvreté. C’est avec satisfaction qu’il fait état des ressources additionnelles récemment attribuées aux écoles des Premières Nations, et qui permettent d’aider les élèves en difficulté. Essentiellement, « Il s’agit de créer des conditions propices à l’émulation et au dépassement de soi des élèves, ces adultes de demain qui doivent se sentir utiles à leur famille et à leur milieu de vie ». C’est la raison pour laquelle son école propose à certains élèves, en plus du cursus scolaire « traditionnel », des projets en entrepreneuriat.
L’intégration des savoirs ancestraux est la pierre angulaire du programme d’enseignement : cérémonies, chants traditionnels, cours de langue et d’histoire atikamekw, arts traditionnels. Pour illustrer ce retour aux sources, un totem animal est choisi pour chacun des groupes. « Je crois que nous devons faire exactement le contraire de ce qui a été imposé dans les pensionnats autochtones, soit créer un climat de bienveillance et valoriser la culture et l’identité Atikamekw Nehirowisiw. La Loi sur les Indiens, les pensionnats, la dégradation de l’environnement par l’industrie forestière, l’isolement, la précarité économique : tous les ingrédients étaient en place pour favoriser l’acculturation de mon peuple ».
« Malgré ce génocide culturel et ces traumatismes, les traditions et la langue se sont maintenues. L’histoire du peuple Atikamekw en est une de résilience, de force et de fierté ! Les adultes et les leaders doivent rester droits et bienveillants, éviter la victimisation, croire au potentiel de chacun et provoquer de réels changements, tout en s’inspirant des aînés et de leur sagesse ». L’homme qui assume le rôle de coach des élèves et des enseignants a pu méditer sur le savoir vivre, écoutons-le : « Engageons-nous et travaillons fort, suivons notre cœur, apprenons à gérer nos émotions, soyons attentifs aux gens autour de nous, et utiles pour notre communauté ».