Un chef de police d’exception dans la communauté métropolitaine de Montréal
Celui qui est en train d’opérer un changement de culture titanesque des services policiers de l’agglomération de Longueuil mérite tous les égards de l’administration de la sécurité civile au Québec. Athlétique, charismatique, habile communicateur et convaincant, le chef de police de l’agglomération de 435 000 habitants a tous les attributs d’un leader ayant démontré le sens de l’engagement, le désir d’améliorer un service public essentiel et surtout la capacité répondre aux besoins des citoyens. À 17 ans, après plusieurs séjours en France, il a pris la décision d’immigrer au Canada. Ce nouveau pays lui semblait être progressiste et ouvert. Il avait vite remarqué la présence de communautés francophones importantes.
Arrivé à Montréal en 1985, il s’établit dans la localité multiethnique de Ville St-Laurent. Né à Abidjan en juin 1968 d’une famille d’entrepreneur, il a partagé son enfance entre la Côte d’Ivoire et le pays de ses ancêtres, le Liban. Alors qu’il avait connu la rigueur de l’enseignement des pères maronites et des prêtres jésuites en Côte d’Ivoire, il a complété ses études secondaires au Collège St-Stanislas de Montréal et poursuivi ses études collégiales en administration au Collège de Bois-de- Boulogne à Montréal. Inscrit au programme de comptabilité de l’UQAM, alors qu’il occupe un boulot d’étudiant dans un commerce de la rue Ste-Catherine, il rencontre un officier de police qui lui fait part des possibilités de carrière dans les services de police de Montréal. C’était là le début d’une grande aventure. En 1991, il aura complété son entraînement à l’École nationale de police du Québec et sera élu président de sa promotion.
Ce sens du leadership, il l’a hérité de son père, celui qui avait mis sur pied une entreprise manufacturière de bicyclettes en Côte d’Ivoire. Le père de confession chrétienne était un rassembleur, un homme de concertation. Il réussissait à maintenir un climat de paix entre des groupes musulmans, juifs et chrétiens vivant des conflits. Les valeurs inculquées par le père – la confiance, la patience, le courage, la résilience et le pardon - ont façonné sa vie professionnelle et personnelle. Le cheminement du fils Fady dans l’espace multiculturel de Montréal est certainement le reflet de la capacité de dialogue du père. Adhérent à la foi chrétienne, il reconnaît d’ailleurs l’extraordinaire force de Nelson Mandela qui après 28 ans d’incarcération avait pardonné à ses geôliers. La phrase du leader Mandela « le pardon libère l’âme » l’inspire lorsqu’il se retrouve en situation de conflits professionnels. Il rappelle également les enseignements de son père qui insistait sur l’importance de l’action et des gestes lors des conflits, ce que Fady dénomme « walk the talk ». C’est d’ailleurs avec fierté que Fady nous rappelle la citation de Félix Houphouët-Boigny, premier président de la Côte d’Ivoire (1960-1993) : « La paix n’est pas un vain mot, c’est un comportement ».
En février 1992, il fait ses débuts au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Après une expérience de patrouilleur dans la communauté de Notre-Dame-de-Grâce, il devient agent d’infiltration pendant quatre ans, puis enquêteur dans plusieurs postes de quartier associés à la présence de nombreux groupes ethniques. « Qu’il s’agisse de jeunes noirs défavorisés, ou encore ceux issus des communautés latinos ou arabes, il est facile pour ces derniers de tomber sous le joug des gangs. En l’absence de famille immédiate et de repères sociaux, certains jeunes iront trouver dans ces milieux criminalisés une communauté d’appartenance. Sortir les jeunes de ces organisations pour une vie meilleure est un défi pour la communauté de soutien de plusieurs quartiers où les populations défavorisées dominent ». C’est justement ce que Fady a vécu lorsqu’il a été nommé commandant du poste de quartier de St-Michel à Montréal en 2005. En quelques jours, il avait l’impression qu’il était devenu un acteur social dans un secteur plus difficile de Montréal. L’expérience d’une durée de 5 ans, a été gratifiante et stimulante, malgré les difficultés. D’ailleurs, il garde un souvenir heureux des pauses du dîner où il s’évadait dans les parcs pour jouer au soccer avec les jeunes, qui malgré une précarité matérielle évidente ont pour plusieurs gardé un sens de la résilience. En 2010, il complète une formation de MBA exécutif et exerce la fonction d’inspecteur-chef des relations avec les communautés au Service de police de Montréal.
L’ambition pour le gestionnaire policier est presque sans limite. Il souhaite changer la mission de la police en une force de transformation sociale où la présence et la proximité dans le milieu, les partenariats avec les citoyens et les groupes, une formation solide et une capacité d’intervention sociale peuvent réduire la lourdeur et les conséquences des interventions de répression du crime. Ces changements en profondeur favorisent la prévention et la sensibilisation in situ. « Dorénavant, la proximité des agents des forces policières dans les milieux de vie et leurs interactions soutenues avec les clientèles locales pourront prévenir ou diminuer l’émergence des conditions de criminalité, réduire le nombre d’interventions d’urgence de type 911 et limiter la judiciarisation des citoyens en difficulté ».
« Le vaste chantier de changements de paradigmes et de révision des processus de gestion requiert des ressources financières, ainsi que la présence de travailleurs sociaux, de psychologues et d’autres experts. Il faudra bien sûr mieux comprendre les facteurs qui ont une incidence majeure sur l’émergence des comportements criminels. »
« Au-delà de l’approche traditionnelle de la loi et l’ordre, il faut écouter et appuyer ceux et celles qui ont de réels besoins, nommons les familles, les organisations d’entraide, les groupes racisés, les personnes vulnérables pour cause de santé mentale, de pauvreté, ainsi que les victimes de violence domestique ». Avec conviction, Fady énonce que lorsque le corps policier devient un réel acteur pour l’amélioration du vivre-ensemble des communautés locales, le citoyen considérera les membres des forces policières locales comme de véritables partenaires, légitimes et dignes de confiance. Cette vision de la police de concertation, centrée sur la prévention et un dialogue permanent avec les communautés locales, il souhaite l’étendre au territoire québécois et ailleurs. Elle commande toutefois le soutien des élus de tous les niveaux de gouvernance.
Avec l’appui du gouvernement du Québec en décembre 2021 et le lancement du projet des policiers RÉSO, les premiers pas sont franchis. Un programme d’immersion volontaire des policiers d’une durée de cinq semaines dans les milieux de vie est mis en place. Les habiletés recherchées des policiers de terrain sont dorénavant transformées. Les candidats devront être de bons communicateurs, ouverts d’esprit et faire preuve de compétences interpersonnelles, d’intelligence émotionnelle. L’humilité, le partage et l’altruisme sont aussi attendues. Comme les médias l’ont rapporté, le gestionnaire public est sorti du conformisme, il a osé, il a pris des risques et il agit.En novembre 2022, il a été nommé chef du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Sa personnalité d’homme d’action se traduit aussi dans sa vie privée. Il est amateur des sports de grande intensité comme la course, le triathlon et les grandes randonnées. Il rêve d’ailleurs de faire l’ascension du Killimandjaro (Tanzanie). Individu joyeux, grégaire et d’agréable commerce, il apprécie le rite des fêtes familiales ou entre amis dans l’esprit du Lebanese lifestyle.
Père de trois enfants d’âge universitaire, il offre quelques conseils aux jeunes : Écoutez votre petite voix. Restez fidèles à vos valeurs, à vos racines. Entourez-vous de gens différents de vous. Vivez de nouvelles expériences.