Dans le cadre de Focus Canada, son programme de recherche sur l’opinion publique, l’Environics Institute s’est associé à la Fondation canadienne des relations raciales pour mettre à jour ses recherches en cours sur les attitudes des Canadiens à l’égard de l’immigration et du multiculturalisme. Cette enquête est basée sur des entrevues téléphoniques menées auprès de 2 000 Canadiens (de 18 ans et plus) qui ont eu lieu entre le 5 et le 17 février 2018. Un tel échantillon permet d’obtenir des résultats précis à plus ou moins 2,2 points de pourcentage dans 19 cas sur 20.
Immigration et réfugiés. Au cours de la dernière année, les problèmes liés à l’immigration et aux réfugiés ont été importants, tant à l’échelle mondiale qu’au Canada. Les niveaux de migration à partir des zones de conflit au Moyen-Orient et ailleurs continuent d’augmenter et les pays d’accueil doivent lutter avec les problèmes d’hébergement et les réactions politiques. La situation est beaucoup plus calme au Canada où plus de 30 000 réfugiés syriens ont maintenant été installés à travers le pays en suscitant peu de controverse. Simultanément, un nombre record de réfugiés se sont présentés à la frontière sud, cherchant un répit aux nouvelles politiques gouvernementales américaines qui visent les résidents sans-papiers et les populations des pays musulmans. Au pays, au cours la dernière année, des incidents malheureux de harcèlement et de crimes haineux contre des personnes de couleur sont également venus nous rappeler que la xénophobie existe ici aussi. Mais comment les Canadiens perçoivent-ils aujourd’hui leur société de plus en plus diversifiée et le traitement réservé aux personnes différentes?
Les résultats de cette récente étude montrent que, dans l’ensemble, les Canadiens continuent d’être plus positifs que négatifs en ce qui a trait au niveau d’immigration actuel et à la légitimité des réfugiés accueillis au pays. Une proportion importante croit encore que trop d’immigrants n’adoptent pas les valeurs canadiennes, mais cette préoccupation diminue graduellement au fil du temps. De plus, les résultats d’une enquête internationale réalisée par Gallup montrent clairement que le Canada se démarque des autres nations et est perçu comme un pays qui accepte, voire accueille, les gens venant d’ailleurs.
Comme toujours, les opinions varient quelque peu d’un bout à l’autre du pays. Les opinions positives sur l’immigration et les réfugiés continuent d’être plus marquées en Colombie-Britannique, parmi les jeunes générations (18 à 29 ans), chez les Canadiens ayant fait des études universitaires et les immigrants (qui représentent maintenant plus de 20 % de la population). C’est en Alberta et parmi les Canadiens de 60 ans et plus et ceux qui n’ont qu’un diplôme d’études secondaires que ces opinions sont les moins fréquentes.
Traitement accordé aux groupes minoritaires. Le Canada est un pays réputé pour sa diversité et son multiculturalisme et dans lequel il y a peu de conflits entre groupes, mais la discrimination et le racisme sont une réalité confirmée qui est reconnue par la plupart des Canadiens, bien qu’il y ait des divergences d’opinions sur le traitement que l’on réserve aux divers groupes et sur le degré de maltraitance infligé à chacun par la société.
Les musulmans, les personnes venant des pays du Moyen-Orient et les peuples autochtones sont ceux qui sont le plus souvent perçus comme faisant l’objet de discrimination persistante. Les Noirs et les Asiatiques du sud le sont un peu moins, tandis que les juifs et les Chinois sont ceux qui sont le moins enclins à être perçus comme victimes d’un tel traitement. Depuis 2015, la perception sur la fréquence des actes de discrimination a diminué légèrement dans tous les groupes. Les données ne permettent pas d’expliquer la raison de ce changement, mais il est peut-être dû à l’attention de plus en plus grande accordée au racisme et au sexisme (par exemple par des regroupements comme Black Lives Matter, #MeToo) qui pourrait amener certains Canadiens à penser que ces problèmes sont maintenant mieux traités et compris qu’avant.
Les musulmans au Canada. De tous les groupes distincts de la société canadienne actuelle, les musulmans sont le plus souvent perçus comme étant les « autres », en raison de leur origine, des associations faites avec le terrorisme dans d’autres pays et des pratiques religieuses spécifiques comme le fait de se couvrir la tête. L’opinion des non-musulmans sur les musulmans continue d’être mitigée et peut-être même ambivalente. L’opinion générale des Canadiens concernant l’islam est plus positive que négative, mais la tendance va dans le sens que les musulmans préfèrent rester distincts de la société canadienne plutôt que de s’y intégrer.