Grandir en tant que Canadienne
par Antoinetta DeWit
Je me souviens de la professeure qui, dans l’une de mes classes d’orientation de huitième année, nous a demandé : « Que voulez-vous faire lorsque vous serez adultes? »
J’étais assise là, fixant mon enseignante du regard, en me demandant : « Comment pourrais-je bien répondre à cette question alors que je n’ai que 13 ans? »
J’ai alors réalisé qu’on ne m’avait jamais posé cette question, mais je me suis également rendu compte qu’il était peut-être temps pour moi de planifier quelque chose pour l’avenir. Quels étaient mes intérêts? Quelles étaient mes aptitudes? Quels étaient les choix possibles? À ce moment-là, je n’avais pas de réponses, mais je décidai que le moment était bien choisi pour en chercher.
Comme beaucoup de jeunes de cette époque, j’avais été emporté par la vague de la Trudeaumanie et j’adorais regarder la moindre parcelle d’actualité télévisée le concernant, écouter tout ce qu’on en disait à la radio de la CBC et lire tout ce qui s’écrivait dans le Sun de Vancouver. Je collectionnais des articles provenant de toutes les sources possibles et je le percevais comme un héros. Il était brillant, énergique, déterminé et francophone. Il avait l’air insouciant et s’exprimait aussi bien en anglais qu’en français. Je me suis alors dit : je veux être comme lui!
Lorsque j’ai levé ma main dans la classe d’orientation et que l’enseignante m’a donné la parole, j’ai dit : « Je veux devenir comme Pierre-Elliot Trudeau. »
Mes camarades de classe ont bien ri, ce qui m’a encore plus incitée à leur prouver que je pouvais le faire, et que j’allais le faire.
J’ai plongé dans mes cours de français. J’ai écouté attentivement chaque chose que mon premier professeur de français, celui que je préférais, essayait de m’enseigner. J’ai fait des efforts, je me suis obstinée, j’ai consacré mes temps libres à suivre un cours de français supplémentaire chaque semaine. En 12e année, j’ai fait des demandes de bourse, de prêt et de bourse d’études afin de pouvoir me payer des cours de français dans une université canadienne bilingue. J’ai quitté la Colombie-Britannique à 17 ans pour étudier dans un collège unilingue français pendant l’été. Je suis ensuite revenue à la maison pour commencer un programme d’un an à la SFU et j’ai utilisé le montant d’un prêt et d’une bourse pour terminer un baccalauréat en français à l’université d’Ottawa.
Le hasard faisant bien les choses, j’ai rencontré la bonne personne au bon moment, et j’ai obtenu un emploi de quatre ans dans le gouvernement Trudeau. Je ne peux qu’imaginer ce que mes camarades de classe de 8e année auraient pensé de cela!
Cette merveilleuse expérience terminée, je l’ai utilisée comme tremplin pour ma prochaine étape en tant que fière citoyenne canadienne. J’ai suivi le cours d’immersion en français du programme de formation en enseignement de l’UBC et je suis devenue professeure de français accréditée. J’enseigne aujourd’hui le français à des gens de tout âge, je traduis des textes, j’écoute des chansons françaises, je lis des romans et de la poésie en français et j’affiche fièrement mon bilinguisme.
Lorsqu’on me demande ce que signifie pour moi être Canadienne, la réponse est simple. Cela signifie comprendre ce qui a rendu ce pays possible, ce qui nous définit comme société progressiste, puis de travailler pour mettre cette vision en pratique, ou du moins la soutenir.
Bon 150e anniversaire de la confédération du Canada... Happy 150th Canada!