Par Teresa Woo-Paw (en anglais seulement)
Souvent, on me demande de participer à des événements ou à des conférences en tant qu’experte ou conférencière. « Teresa, me dit-on, vous seriez parfaite »
« Teresa, nous avons besoin de vous. »
« Teresa, pouvez-vous nous aider? »
Je ne saurais décrire tout l’honneur que représente pour moi d’entendre de tels mots chaque fois qu’on les prononce. J’ai eu un parcours très significatif – depuis mon arrivée en tant que jeune immigrante sans aucune connaissance de l’anglais jusqu’à ma consécration en tant que bâtisseuse communautaire, représentante publiquement élue et membre du cabinet ministériel.
Parfois, je m’émerveille de la manière dont j’y suis parvenue. Toutefois, comme lorsque l’on fait tourner un kaléidoscope, les hasards de la vie qui façonnent et teintent nos convictions sont illimités et tous uniques.
En 2017, le Canada fêtera ses 150 ans. Ce sera également l’année où ma famille célèbrera ses 45 ans de vie au Canada.
Mes parents ont décidé d’immigrer pour donner un avenir à leurs enfants. Mais si nous sommes venus au Canada, c’est également dans le but de renouer des liens avec ma famille maternelle. L’Histoire n’a pas toujours été tendre pour la communauté asiatique. Pendant des années, il nous a été impossible de nous réunir avec nos grands-parents maternels et paternels. Cela a pris vingt-cinq ans pour qu’en 1972, notre première réunion de famille ait lieu à Calgary. Mon père avait 41 ans lorsqu’il a pour la première fois rencontré mon grand-père, son propre père, à l’ancien aéroport de Calgary.
Le fait que de nombreuses générations de ma famille aient été présentes dans ce pays et aient participé à son essor, leurs combats et leurs succès ont renforcé ma quête et ma foi dans l’intégration de tous les groupes marginalisés et défavorisés en tant que citoyens à part entière. Mais ma famille n’a pas été la seule à m’inculquer ces valeurs. Très tôt, mes parents m’ont encouragée à travailler comme bénévole pour des organismes et des événements communautaires. C’est ainsi que dès l’âge de 16 ans, j’ai commencé à faire du bénévolat.
Mon engagement dans la communauté m’a aidé à mieux comprendre la longue lutte qu’ont dû mener les leaders et les membres de la communauté et tous les efforts qu’ils ont dû déployer pour répondre aux besoins des leurs, comme le logement abordable et les services aux aînés, la protection du quartier Chinois, significatif historiquement autant que socialement, et la conservation de leur langue et de leur héritage culturel.
Tout comme les diverses facettes d’un kaléidoscope, ma vie m’a toujours offert de nouveaux angles à explorer. J’ai trouvé ma place dans le monde de la politique et j’en suis fière.
Je suis la première femme canadienne d’origine asiatique a avoir été nommée ministre en Alberta. J’ai participé à la fondation du conseil ethnoculturel de Calgary en 1993. J’ai également créé l’association Calgary Chinese Community Services Association, de même que la fondation Asian Heritage Foundation. J’ai appris à l’ancienne sénatrice, l’honorable Vivienne Poy, ce qu’était le mois du patrimoine asiatique et celle-ci a proposé une motion privée qui a mené à la Déclaration officielle du mois de mai comme mois du patrimoine asiatique en 2001. J’ai été la première femme sino-canadienne candidate à une élection municipale et lors de celle-ci, une dame chinoise de 85 ans a voté pour la première fois en 40 ans de vie au Canada parce que c’était la première fois qu’elle désirait réellement participer à une élection.
La ténacité et la persévérance dont ont fait preuve mes grands-mères et mes grands-parents ont toujours été pour moi une grande source d’inspiration et un moteur dans ma quête de justice sociale. Ces engagements communautaires/organisationnels m’ont permis d’approfondir ma perception des enjeux collectifs que doivent affronter les communautés dans notre système et nos institutions, de même que le besoin d’un changement systémique.
Cela étant dit, toutes réalisations et distinctions mises à part, s’il est un simple conseil que je peux offrir à tous les Canadiens, c’est celui-ci : sortez et venez en aide à vos voisins. Vous n’avez pas besoin d’accomplir de grandes choses ni de faire de grands gestes. Il n’est nul besoin que tout le monde le sache. Ce peut être simplement d’aider un aîné à dégager la neige de son entrée, donner un peu de nourriture à une banque alimentaire ou même de participer à un conseil citoyen.
J’ai gardé, il est vrai, un faible pour certaines images lors de mon périple kaléidoscopique pour devenir Canadienne.
Ressources : (en anglais seulement)