Par Cindy Sue Montana McCormack (en anglais seulement)
Je m'appelle Cindy Sue Montana McCormack. Je suis née et j'ai grandi à Hamilton, en Ontario. En tant que femme kanyen’keha:ka (mohawk) et membre active de longue date de la communauté autochtone urbaine de Hamilton, je continue d'entretenir des liens avec ma réserve, le territoire mohawk de Tyendinaga, les Mohawks de la baie de Quinte. La communauté est très importante à mes yeux ainsi que la culture mohawk. Ainsi, j'ai consacré ma vie et ma carrière professionnelle à améliorer la vie d'autrui au sein de ma communauté, notamment auprès de ceux qui n'ont pas la possibilité de s'exprimer, par exemple, les sans-abris.
Les besoins de base tels que la nourriture, le logement, etc. sont bien souvent hors de portée pour bon nombre d'entre nous. Les statistiques* sont consternantes à l'échelle du pays. Environ 235 000 personnes ont connu une situation d'itinérance en 2014. Pire encore, 35 000 de vos concitoyens ont vécu l'itinérance chaque nuit. Ceux âgés de 16 à 24 ans représentent environ 20 % de la population des sans-abris, soit des jeunes qui devraient se soucier de leurs études, mais qui doivent plutôt s'inquiéter de vivre dans la rue.
Pour reprendre les propos du Chef Seattle : « Toutes les choses sont reliées. Ce n’est pas l’homme qui a tissé la trame de la vie : il en est seulement un fil. Tout ce qu’il fait à la trame, il le fait à lui-même. » Nous avons une responsabilité envers ceux qui nous entourent. Une communauté s'avère un endroit où chacun est heureux et en sécurité; cela ne doit pas se limiter à quelques personnes.
Grâce à mon bénévolat et de mes expériences de travail auprès de nombreux organismes autochtones à Hamilton, j'ai été embauchée en 2002 par le Social Planning & Research Council of Hamilton (SPRC) afin de donner à la population autochtone locale une tribune au sujet de l'itinérance, au nom de la communauté autochtone urbaine de Hamilton. J'ai occupé le poste de directrice et de membre de plusieurs conseils d'organismes autochtones et participé à de nombreux comités de politiques sociales en représentant cette communauté au niveau municipal, provincial et fédéral. En tant que responsable de la planification sociale de l'équipe de logement et d'itinérance du SPRC, j'ai été coauteure de rapports et je suis actuellement la planificatrice principale qui est responsable de l'octroi du financement fédéral pour les projets destinés aux Autochtones sans-abris à Hamilton.
En 2016, alors que le SPRC célèbre son 50e anniversaire, je suis reconnaissante et tiens à remercier cet organisme indépendant (non autochtone), lequel est non seulement bénéfique pour la communauté autochtone de Hamilton, mais également pour les nombreuses autres communautés et gens marginalisés de la ville!
Plus récemment, le SPRC et d'autres partenaires communautaires locaux ont pris part à un dénombrement ponctuel à Hamilton. Les gens présents dans les rues de Hamilton le soir du dimanche 21 février ou de la journée du lundi 22 février ont peut-être été abordés par une équipe d'enquête composée de deux ou trois personnes pour répondre à la question : « Avez-vous une résidence permanente vers laquelle retourner ce soir? » Ces gens ont été témoins du premier dénombrement ponctuel coordonné des sans-abris au Canada. À Hamilton, 263 enquêteurs, dont plusieurs bénévoles locaux, ont fièrement arboré leur macaron jaune vif « PiT Count » en prenant les rues d'assaut afin de poser des questions à de parfaits inconnus au sujet de leur logement, de leurs besoins en matière de santé et de services sociaux. Malgré une formation obligatoire sur la façon de procéder de façon respectueuse et éclairée, cela s'est tout de même avéré une tâche fastidieuse! Toutefois, cette tâche était nécessaire si nous voulons mettre un terme à l'itinérance. Il faut d'abord mieux comprendre l'itinérance en obtenant les commentaires de la population locale.
La Division des services de logement de la Ville de Hamilton a dirigé cette activité en retenant les services d'une société de conseil expérimentée, en mobilisant le soutien de plus de 20 partenaires communautaires et en soulignant l'importance d'un partenariat autochtone. Ce partenariat reconnaît le point de vue unique des Autochtones dans le cadre du dénombrement ponctuel à Hamilton. La Ville a salué l'autodétermination des Autochtones en citant les objectifs pour « contribuer à l'éthique de réconciliation ». Cela inclus une consultation auprès des Autochtones, une coordination autochtone et des bénévoles autochtones, avec une méthodologie propre aux Autochtones et mise sur pied à Hamilton.
Lors d'un récent forum régional sur la stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance, le directeur des programmes et des politiques en matière d'itinérance de Hamilton a exposé l'importance du partenariat autochtone : « Le peuple autochtone fait face à un taux disproportionné de pauvreté, d'itinérance et d'insécurité en matière de logement. Selon le Canadian Homelessness Research Network, "cela nécessite l'inclusion de leurs différences historiques, expérientielles et culturelles ainsi que de leurs expériences en matière de colonisation et de racisme, en tenant compte de l'itinérance des Autochtones; le peuple autochtone doit faire partie de toute solution pour contrer l'itinérance. ” Il est du ressort du gouvernement fédéral de soutenir les communautés et le peuple autochtone au Canada. L'histoire de la politique entre le peuple autochtone et le gouvernement est extrêmement complexe et la relation a été sérieusement altérée. Toutefois, une éthique de réconciliation a vu le jour au sein des communautés autochtones du Canada. Par ailleurs, la communauté autochtone est la seule communauté culturelle locale qui est alimentée par un point de vue d'autogouvernance et d'autodétermination. La reconnaissance du point de vue autochtone unique dans le cadre du processus de dénombrement ponctuel tient compte de cette autodétermination et vise à contribuer à l'éthique de réconciliation ». La Ville de Hamilton a été reconnue comme chef de file sur le plan provincial et national dans le but de promouvoir les principes de partenariat et de collaboration auprès de la communauté autochtone urbaine de Hamilton. Le fait de partager nos expériences locales et d'apprendre d'autrui sur le plan local, provincial et national peut faire progresser les solutions afin d'éliminer l'itinérance.
Pour terminer, voici une citation abrégée du chef Tecumseh (Shawnee) qui porte à la réflexion : « Alors, vis ta vie... N'embête personne à propos de ses croyances, respecte le point de vue des autres et exige d'eux qu'ils respectent le tien. Aime ta vie, perfectionne ta vie, embellis toute chose de ta vie. Cherche à rendre ta vie longue et mets-la au service des autres… Marque toujours d'un mot ou d'un signe de salut le passage d'un ami ou d'un passant, même un étranger, lorsque tu te trouves loin de chez toi... Montre du respect envers tous et ne te prosterne devant personne... Quand tu te lèves le matin, sois reconnaissant pour la nourriture et pour la joie de vivre. Si tu ne vois aucune raison de le faire, la faute n'incombe qu'à toi... » Nia:wen Kowa (« Gros merci » en mohawk).
** statistiques obtenues auprès de Canada sans pauvreté
Ressources : (en anglais seulement)