Par Siobhan Cole (biographie disponible en anglais seulement)
Pour plusieurs militaires, lorsque le moment est venu de rentrer chez eux, la première pensée qui leur vient à l'esprit n'est pas de redonner à la communauté ni d'enseigner aux enfants.
Mais, Evan Taypotat n'est pas monsieur Tout-le-monde.
Directeur de l'école Chief Kahkewistahaw Community School, M. Taypotat a entamé sa carrière militaire en 2007. Il a obtenu le grade de capitaine et espérait atteindre celui de major.
Toutefois, lorsque l'Armée canadienne a cessé ses opérations de combat à Kandahar en 2011, M. Taypotat savait qu'il était temps de revenir à la maison. Sa prochaine mission? Redonner à sa communauté, soit celle de la réserve des Premières Nations où il a grandi.
Comment sa carrière militaire allait-elle façonner son leadership auprès des jeunes écoliers? M. Taypotat rit, car ce n'est pas la première fois qu'on lui pose cette question. « J'avais enseigné auparavant, ainsi que dans l'armée. Lorsqu'il a été temps de rentrer chez moi, je savais que je voulais être enseignant. Peu de gens faisaient de même. Mais la transition de l'armée à la vie civile devait se faire. Travailler pour obtenir le grade de major n'allait pas aider ma communauté. »
M. Taypotat décrit ses premiers instants à l'école. Sa première tâche a consisté à faire le ménage au sein des élèves et du personnel. Le modèle de gestion antérieur, déclare avec délicatesse M. Taypotat, n'était pas le style qu'il souhaitait poursuivre. Maintenant, les élèves l'appellent « Oncle » ou simplement Evan.
Il explique que la dynamique de chaque réserve est différente. Au sein de la sienne, le principal facteur de stimulation est d'employer une méthode douce, mais ferme. « Dans l'armée, on nous disait tout le temps quoi faire. Je fais de même, mais en dressant le tableau général de la situation. Je souligne aux élèves que les relevés de notes sont importants. Il s'agit de leur avenir. »
Le même principe s'applique au personnel. « Je souhaite maximiser leur potentiel », déclare sincèrement le directeur. « Je ne veux pas que les gens fassent le strict minimum. Je ne mets pas de gants blancs pour dire les vraies choses. Nous embauchons les meilleurs enseignants et membres du personnel; il n'y pas de favoritisme ici. »
Chacun travaille dans un esprit d'équipe vers l'atteinte d'un objectif commun, mais cela ne se fait pas sans heurts.
« Nous devons nous assurer que les enfants obtiennent une éducation adéquate. Mon plus grand défi est de faire participer les parents. Ils ont eu une mauvaise expérience en pensionnat ou ils ne mettent pas l'accent sur les études de leurs enfants quand ils sont à la maison. »
Le financement s'avère également un autre obstacle. Citant un manque à gagner annuel de 795 000 $, M. Taypotat déclare qu'on demande aux enfants de la ville de Broadview en Saskatchewan d'accomplir les mêmes choses, mais avec moins de possibilités, que leurs camarades financés adéquatement. Alors qu'il rédige sa thèse sur l'écart actuel de financement auprès des populations autochtones dans le cadre de ses études à l'Université de Regina, son action quotidienne renforce le besoin d'égalité. « On voit les différences », déclare paisiblement M. Taypotat. « Finançons nos enfants. »
Malgré tout cela, il demeure positif. « Ma vision de la vie est simple; il s'agit de la même chose que dans l'armée. Nous ne nous soucions pas de votre race; nous voulons simplement que vous fassiez votre travail. »
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