Par Daniel N. Paul
Le 13 juin 2011, j’ai reçu un diplôme honoraire du Nova Scotia Community College — Institute of Technology, à Halifax.
Ce n’était pas la première fois que je recevais quelque chose de valeur de cet établissement d’enseignement; au début des années 70, ayant réalisé que j’avais besoin d’un diplôme secondaire pour progresser sur le plan professionnel, j’y ai suivi des études pour pouvoir passer les examens nécessaires à l’obtention du diplôme de fin d’études secondaires; ce diplôme m’a considérablement aidé à atteindre les objectifs que je m’étais fixés professionnellement et dans ma vie personnelle.
Jusqu’à juin 1961, j’ai travaillé à de nombreux métiers et postes subalternes – charpentier, journalier, pêcheur, ouvrier d’usine et bien d’autres, trop nombreux pour que je les nomme ici. Lorsque j’ai obtenu un poste de cadre en 1961, je me suis rappelé l’importance cruciale d’aider les gens et de les traiter avec équité et respect. Pour réussir dans la vie, il est impératif de traiter les autres de manière équitable, avec la plus grande tolérance et le plus grand respect possible, et de leur donner une dignité humaine; la plupart des gens agiront alors de même envers vous.
Je parle par expérience. Né en 1938 avec le statut d’Indien inscrit à la réserve indienne de Shubenacadie, je n’étais pas considéré comme un sujet britannique canadien. À titre de pupilles de la couronne, nous n’avions aucun droit civique ni droit de l’homme dans ce pays. En voici des exemples. Nous n’avions pas le droit de voter aux élections; nous pouvions être interdits par la loi dans les lieux publics tels que les salles de billard, sans aucune raison. Il était illégal pour nous d’acheter une caisse de bière, etc. Fait plus éloquent encore, nous n’avions que de très faibles de possibilités de recours à la loi. Quand il était question d’accords contractuels, nous avions le même statut juridique que des ivrognes ou des personnes démentes.
Les agents fédéraux des Indiens avaient sur nous des pouvoirs quasi divins : ils contrôlaient nos vies du berceau à la tombe. Et la plupart d’entre eux se considéraient comme nos supérieurs. Cela me rappelle une anecdote amusante. Depuis que j’étais tout jeune, je me rebellai contre un système d’intolérance raciale et n’étais pas intimidé par l’autorité des agents chargés des Indiens. Au cours d’une discussion avec l’un d’entre eux à la fin des années 50, j’osai être en désaccord avec lui. Il me fit le commentaire suivant « tu n’es pas très respectueux de tes supérieurs! » Je le quittai, sidéré de sa réaction, en disant : « La raison pour laquelle vous me percevez ainsi, c’est que vous assumez que j’ai rencontré mes supérieurs, ce que je n’ai pas fait et que je ne ferai pas jusqu’au jour de ma mort, quand je rencontrerai mon créateur; alors seulement pourrai-je admettre que j’ai rencontré mes supérieurs! » Il n’était pas très heureux.
Nous et nos ancêtres sommes victimisés par l’intolérance depuis des siècles. S’il n’est plus aussi évident qu’il l’était autrefois, le racisme à notre égard continue d’être ouvertement affiché en Nouvelle-Écosse. On trouve par exemple dans le parc Cornwallis une statue d’Edward Cornwallis, gouverneur sous le régime colonial britannique, qui décida en 1749 de tenter d’exterminer les Micmacs de la péninsule néo-écossaise.
Il fallut longtemps aux Indiens inscrits pour réaliser des progrès en vue d’acquérir un minimum de droits civiques et humains dans ce pays; les comportements changent lentement, mais nous avons encore beaucoup de chemin à faire.
Toutefois, et par bonheur, au cours de ces dernières décennies, quelques personnes remarquables se sont attaquées publiquement et vigoureusement à l’intolérance, jusqu’à un certain point. Dans son ouvrage Lessons at the Halfway Point, Michael Levine écrit ceci : « Si vous n’avez pas personnellement l’occasion d’apprendre à connaître des gens d’autres groupes raciaux, religieux ou culturels, il est très facile de croire des horreurs à leur sujet et de les imaginer effrayants dans votre esprit. » [traduction libre]
Si l’on suivait ce conseil de Levine à travers la planète, cela réduirait considérablement les conflits entre humains.
Pour conclure, je vous encourage à être tolérant et indulgent à l’égard de vos sœurs et frères humains. Lorsque vous considérez vos collègues et toute autre personne, ne laissez pas les questions de race, de couleur, de religion, d’orientation sexuelle ou autre les diminuer à vos yeux, mais considérez-les comme des égaux et traitez toujours tous les humains avec dignité et respect. Vous en serez récompensé par une vie heureuse et prospère.
en anglais seulement
Aboriginal historical resources compiled by Daniel N. Paul
First Nations History - We Were Not Savages - Third Edition
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Aboriginal People Resilience and the Residential School Legacy