Par Anita Bromberg
« Qui est ton héros ? » C'est une question que ma fille m'a posée récemment. C'est une bonne question qui en appelle une autre : je lui ai donc demandé quel était le sien. Elle m'a rapidement donné le nom de Malala Yousafzai. J'ai sur le coup été impressionnée par le fait qu'elle ait entendu parler de la lauréate du Prix Nobel de la paix, une fille à peine plus âgée que ma fille, admirée dans le monde entier pour sa courageuse lutte pour le droit des femmes à l'égalité et à l'éducation. Un excellent choix bien sûr. Puis ma fille a précisé que la personne devait être canadienne. Eh bien... apparemment, Malala devait obtenir la citoyenneté canadienne à titre honoraire; cela devrait donc suffire, ai-je suggéré. Ma fille s'est réjouie à cette idée, ajoutant qu'elle en était soulagée, car elle doutait qu'il y ait d'autres Canadiens à pouvoir se comparer à elle. Selon elle, les Canadiens n'étaient pas du genre héroïque.
Cette réaction m'a, j'avoue, perturbée. Il devait bien exister une Canadienne de naissance pouvant être considérée comme une héroïne. En cas de doute, il n'y a rien de tel que de naviguer sur l'Internet. D'un coup, la réponse était là, sautant aux yeux. Vive Google Doodle! Il se trouvait en effet que ce jour-là, l'équipe de Google Doodle avait choisi de célébrer la Canadienne Henrietta Muir Edwards, l'une des membres du groupe des cinq Canadiennes qui s'étaient rendues célèbres pour avoir défendu l'égalité des femmes et les droits de celles-ci.
Née en 1849 à Québec dans une famille aisée, Henrietta Muir Edwards deviendra une spécialiste du droit de même qu'une artiste. Comme les quatre autres du groupe, elle a œuvré inlassablement à la cause des droits des femmes. À l'âge de 26 ans, elle publiait Women’s Work in Canada, premier magazine féminin canadien. En 1893, elle apporta son aide à la fondation du Conseil national des femmes du Canada, organisme qui, encore aujourd'hui, œuvre à l'amélioration de la qualité de vie des femmes, de leur famille et de la société. On lui doit aussi l'établissement d'un prototype de YWCA canadien et sa contribution à la fondation, en 1897, de l'Ordre des infirmières de Victoria du Canada.
En 1927, elle devint l'une des « Famous Five » (le groupe des cinq)à signer une pétition demandant à la Cour suprême du Canada une réinterprétation juridique du terme « personne » dans l'Acte de l'Amérique du Nord britannique. Ce sera toutefois le Comité judiciaire du Conseil privé de Londres qui, après avoir annulé la décision de la Cour suprême en 1929, accordera aux Canadiennes le droit d'être nommées au Sénat. Jusque sa mort en 1931, Henrietta continua, avec les autres femmes du groupe, a apporté des changements à la situation des femmes au Canada et ailleurs.
C'est avec détermination, persévérance et dévouement qu'Henrietta Muir Edwards a amélioré le sort des femmes de son temps. Eh oui! nous aussi, nous avons nos héros au Canada.
« Si les femmes avaient le droit de vote, il ne serait pas nécessaire de s'y reprendre à deux fois pour demander à avoir de meilleures lois pour les femmes et les enfants; il ne serait pas nécessaire de demander, encore et encore, la nomination d'inspectrices là où l'on emploie des femmes et des enfants; nous ne serions pas là à demander en vain une hausse des salaires ou de l'âge du consentement. » – Henrietta Muir Edwards
Visionnez « The Famous Five and the Persons » Case produit by CPAC - Cable Public Affairs Channel (en anglais seulement)
Les cinq femmes célèbres, Historica Canada
Henrietta Muir Edwards, Bibliothèque et Archives Canada
Célèbres cinq, Condition féminine Canada (en anglais)
Visibile Minority Women, Statistics Canada (en anglais)